Enfants du Désert

Méllea Azaron
-16 ans
-Yeux verts, rousse, sportive
-Caractère bien trempé, aime la bagarre et embêter son monde

Chapter 1: Méllea Azaron

Bonjour, bonsoir et autres formalités. C'est dingue ce que ces paroles me feraient du bien. Personne ne se dit rien dans cette maison. Enfin, tant mieux d'un autre côté. On n'a rien à se dire. Quand Maman veut m'adresser la parole, y a le regard de Papa qui s'abat sur nous. A la trappe, le début de conversation...
Heureusement, Papa n'est pas là toute la journée. Et quand c'est comme ça, moi je suis bien tranquille. Je peux sortir sans rien dire à personne (Maman ne caftera pas).
Je m'appelle Méllea. J'ai 16 ans. Enfin, je crois. Il se passe tellement peu de choses dans cette ville perdue au milieu du désert Egyptien que c'est à se demander si le temps passe. Récemment, j'ai eu la triste preuve que le temps passait effectivement, même ici. Il m'a enlevé la seule personne qui me faisait la conversation. Mon petit frère.
Un matin, je l'ai vu se lever, comme d'habitude, et partir. Il a mis un sac sur son dos, il a posé un mot sur la table. Et il est sorti, en me laissant toute seule dans ce trou. Quand les parents ont vu le mot, ils n'ont même pas essayé de le rattraper. Maman a semblé un peu triste, et elle est partie dans la cuisine. Papa a jeté le mot à la poubelle et il est allé au travail. C'est à croire que mon frère et moi, tout le monde s'en contrefiche. Nous sommes des illustres choses qui ne servent à rien ici bas, même nos parents ne daignent pas s'occuper de nous.
Aujourd'hui, Papa est parti au travail. Comme d'habitude. Maman s'est mise à cuisiner. C'est tout ce qu'elle sait faire, la pauvre. Enfin, au moins elle le fait bien. Moi, je me suis enfuie. Comme mon frère précédemment. J'ai pris un sac, et je suis entrée là où j'ai interdiction de mettre les pieds. La chambre des parents. Ce qui m'intéresse, c'est la collection de Papa. Toutes ses toupies. J'ai toujours trouvé ça beau, ça brille, ça respire la puissance. Surtout celles de Papa. Mon frère, lui, il doit tout de même compter un peu plus que moi: il a hérité de la toupie familiale. La chance! Moi on ne m'a jamais laissé en lancer une. Sans doute que je ferai trop de dégâts. Je suis pourtant certaine que je serai très douée en Beyblade. Comme mon frangin.

Je l'ai fait. J'ai sauté par la fenêtre. Comme on habite au premier étage, je ne risquai pas grand chose. Je me suis ramassée dans un tas d'ordure, tout en finesse. Je pense que je sens le poisson pourri à un kilomètre à la ronde au moins. D'un autre côté, je ne vais pas me plaindre; je suis dehors, et en un seul morceau. J'ai tout ce qu'il faut: un canif, un peu de provisions que j'entassai dans ma chambre (on ne sait jamais, la fin du monde est peut-être pour demain), mon portable (sans aucun numéro dedans), un sac de couchage, et un nécessaire de soins divers et variés. Sans oublier ma toupie.
Je ne me suis pas montrée trop difficile. Juste celle qui brillait le plus. Flame Jaguarian, avec une suite de chiffres que j'ai été incapable de retenir derrière. D'ailleurs je ne sais pas à quoi ils servent. A mon avis, pas à grand chose; le principal, c'est que je sois libre, maintenant.

J'ai pris le premier train (oui, il y a une gare dans le trou où j'habite, je sais même moi ça m'étonne) et me suis assise dans le premier wagon. Maintenant que j'y pense, je n'ai pas laissé de mot à mes parents. Pas grave. J'allume mon portable. Pas de connection Internet je suppose (dans mon village non plus, on dirait que je ne suis pas tout à fait partie, finalement). Derrière moi, j'entends deux personnes qui discutent, un journal entre les mains.
"Oh! Regarde ça: dans quatre jours, on va assister à la demi-finale de la poule A du Big Bang Bladers!
-Enfin! Quelles sont les équipes qui s'affrontent?
-L'équipe Gangan Galaxy...
-Les Japonais.
-Exact. Ce sera chez eux que se dérouleront les combats qui les opposeront à l'équipe Wild Fang.
-Les Africains c'est ça?"
Je me suis retournée brusquement vers les deux personnes, un couple de jeunes gens bronzés et décoiffés.
"L'équipe africaine?!" m'écriai-je.
Ils ont ouvert des yeux ronds comme des soucoupes.
" Qui la compose?!" continuai-je.
Ils ont écarquillés encore plus leur yeux. Je crois qu'ils me prennent pour une folle. Je répéte ma question plus bas, et avec un ton un peu moins demeuré, histoire de dissiper les doutes quant à ma santé mentale. Le jeune homme a toussoté et a commencé à m'expliquer ce que je voulais savoir:
"L'équipe africaine, l'équipe Wild Fang, est composé de 4 membres.
-Je m'en fiche de ça, je veux savoir leur nom!" tempétai-je.
C'est vrai quoi. Il ne va pas commencer à me raconter sa vie, celui-là. Je veux juste vérifier si mon intuition est la bonne.
"Mademoiselle, je ne vais pas vous répondre si vous me parler comme ça...
-Juste leur nom et je vous laisse tranquille!"
Il n'a pas l'air content que je lui parle comme je parle à tout le monde, lui. Comme je crois qu'il va me frapper si je ne me calme pas, je me tourne vers la dame qui l'accompagne. Elle est bien plus gentille et établis une courte liste des bladers de l'équipe.
"Déjà, leur leader: Kyoya Tategami. Ensuite, il y en a trois autres. Dont deux qui n'ont jamais encore concouru: Damure et le Taureau Masqué."
Ils ont l'air un peu dérangés dans cette équipe. Ils ont tous des noms bizarres.
"Comment ça se fait qu'ils n'aient pas concouru, ceux-là? demandé-je.
-Ils sont certainement moins forts que Kyoya et son jeune coéquipier Nile, qui ont gagné à eux deux tous les combats...
-C'est quoi le deuxième prénom que vous avez dit?!"
Ils me reregardent bizarrement. Ils me croient déjà folle, en plus je viens de leur prouver que je suis sourde. Mais j'ai mes raisons. Quand elle répète le nom du deuxième blader, je sens mon coeur faire un bond dans ma poitrine.
Equipe Wild Fang, équipe africaine. Pas étonnant qu'il atterri là, puisque qu'il est, comme moi, un Egyptien.
Nile. Mon petit frère. Il s'est enfuit loin, celui-là. Manque de chance, il ne m'échappera pas: ma prochaine destination est maintenant le Japon, où j'assisterai à ses combats contre la Gangan Galaxy!

Chapter 2: Arrivée au Japon:

Après avoir dormi dans le train, j'ai dormi dans l'avion. Je dors tout le temps, c'est fou. D'un autre côté, pendant une dizaine d'heures à voler de nuit en direction du Japon, je pense que c'est normal d'avoir envie de dormir.
Déjà que je n'avais pas pris beaucoup d'argent, là je pense que je serai ruinée dans peu de temps. Surtout si je m'installe dans un hôtel, ce qui me semble être la seule solution possible. Arrivée au Japon, dans la ville de la compétition, je commence par chercher un éventuel logement. Bien sûr, tous les hôtels qui se trouvent autour du BeyStadium sont complets et de toute façon hors de prix. Je m'éloigne un tant soit peu du centre ville. On commence à entrer dans des prix normaux. Alors que je regarde à droite et à gauche s'il y a un endroit pour moi, je tombe devant une maison, portant un panneau sur sa grille.
"Héberge jeunes gens à un prix très raisonnable. Pour réserver, sonner ici."
Une petite flèche indique un bouton de sonnette tout ce qu'il y a de plus normal. Je sonne, comme une idiote, pour une raison qui m'échappe encore. La grille s'ouvre, et j'entre dans le jardin en trainant des pieds. La porte est entrouverte, alors je la pousse complètement. A l'intérieur, c'est un petit salon plutôt coquet, avec une grande table. Je regarde de tous les côtés, et aperçoit finalement une petite fille assise dans un fauteuil qui lit un magazine. Elle lève le nez de son livre, et me dévisage. Elle a de grands yeux saphir et des cheveux d'ébène, et sa peau toute pâle me fait penser à celle d'un nouveau né. Finalement, je demande:
"C'est bien ici qu'on peut louer des chambres non?"
Elle ne me répond pas. Je me demande si elle est, comme moi, un peu sourde. Je repose ma question. Une voix surgit de derrière moi:
"Effectivement, mais c'est à moi qu'il faut s'adresser pour les chambres, et pas à ma fille."
Je me sens mourir. C'est bien parti pour être dans l'estime de la logeuse. Cette femme est le portrait craché de sa fille. Elle a l'air bien gentille aussi, d'ailleurs, elle me fait assoir à sa grande table et engage la conversation:
"Je peux te demander pourquoi tu cherches une chambre?"
Je ne tiens pas être mise à la porte; je réponds que je souhaite assister au Big Bang Bladers, mais que je n'ai pas beaucoup de budget.
"Je vois. Quels seraient tes prix alors?"
Je n'ose pas demander si c'est possible d'être loger gratuitement. Je demande un prix équivalent à 30 euros. Elle glousse.
"En effet, tu as l'air sur la paille."
Oui, je suis fauchée, merci de me le rappeler. Je suis quand même en fugue, mais ça je n'ose pas lui dire.
"Bon, va pour 30 euros la journée. Mais, pour ce faire, tu devras nous aider à l'entretien de la maison, aux courses..."
C'est du vol, et ce n'est pas légal, je suppose. Mais bon. Je ne me plains pas, au moins je suis logée.
"Au fait, mon nom est Asuka, se présente ma logeuse. Et ma fille se prénomme Aki. Et toi?
-Méllea, je lâche en lui serrant la main.
-Bien! Je te souhaite un bon séjour chez nous, Méllea!"
Je commence à la sentir passer la condition d'Asuka. Je suis allée faire le ravitaillement avec Aki. Comme elle n'est pas très musclée, j'ai porté tout ce qui pesait un poids... raisonnable. Ensuite, Asuka a voulu que je l'aide à préparer à manger. Mais, en voyant que je manquai de m'ébouillanter avec une simple casserole de riz, elle a abandonné cette idée saugrenue. Du coup, le soir, je me suis couchée toute courbaturée. "Jeune fille fauchée et bossue en fugue recherche son petit frère blader à travers le monde entier". Je suis sûre que je retrouverai Nile plus vite en postant ce genre d'annonce.
Le lendemain, Asuka et Aki m'apprennent que le premier match opposera Masamune, de la Gangan Galaxy, à Nile, des Wild Fang. Mon petit Nile va concourir! Je demande tout de suite où on peut se réserver des places. Mes logeuses m'indiquent un guichet près du BeyStadium. Je m'y rends sur le champ, et, en jouant des coudes, je m'en tire avec une place au premier rang.
Le jour du match est arrivé! Je suis super émue en pénétrant dans les gradins. Est-ce par la perspective d'un beau spectacle, ou parce que je vais enfin voir mon frère après près de six mois d'absence? Pas le temps de m'interroger la dessus. Les deux bladers se font maintenant face. Je ne peux pas lâcher mon frangin des yeux. Il a changé, c'est dingue! Il a sur son visage ce petit air des bladers très doués, ce petit air limite arrogant mais rempli de puissance et d'honneur également.
Bref, exactement l'expression opposée à la mienne. Le match commence par quelques bravades de l'un et de l'autre. Même si je ne suis pas très qualifiée en Beyblade, je sais reconnaitre un bon blader quand j'en vois un, et le Masamune Kadoya qui fait face à mon petit frère fait partie de cette catégorie. Cependant, au bout d'un certain temps de combat, je me rends bien compte que ce combat n'a d'intérêt que pour les gens qui ne s'y connaissent pas trop en Beyblade; on voit que Nile mène largement Masamune et son Ray Striker là où il veut.
D'ailleurs, ça se finit plutôt bien; mon frère utilise son coup spécial Zone Mystique (que je lui connaissais déjà), et voilà Striker sorti du Stadium, Masamune atterré par sa défaite. Entre nous, je suis certaine que Nile aurait pu lui faire bien plus mal. Il est juste trop gentil!
J'attends que les gradins se vident progressivement, puis quand il n'y a plus grand monde, je fais mine de m'en aller, mais je me cache derrière les sièges, et j'attends que les dernières personnes partent. Je suis toute seule dans un immense BeyStadium. Je saute par dessus la rambarde, et je me rétablis dans le Stadium lui-même. Les deux équipes se sont retirées. Moi, qui tiens absolument à revoir Nile, je suis le chemin que les Wild Fang ont emprunté précédemment, et, après avoir marché dans un long couloir plongé dans la pénombre, j'arrive dans l'aile du bâtiment qui leur est réservé.
Je regarde de tous les côtés, ce serait trop bête de me faire surprendre maintenant. Devant moi se trouve cinq portes avec marqué: "Logement Wild Fang" dessus. Leurs chambres. Reste à savoir quelle est la chambre de Nile. J'ai une chance sur cinq de trouver la bonne du premier coup. Je la joue au hasard.
"Au bout de trois ce sera toi que j'ouvrirai! Un, deux, trois!"
Mon doigt s'arrête sur la première porte en partant de la droite. Je réessaye une deuxième fois, prise de doute... et retombe sur la même porte. Ce doit être un signe, alors je frappe à ladite porte.

Je frappe donc à cette fichue porte, et j'attends quelques fichues minutes qu'on daigne l'ouvrir. Je me prépare à apostropher mon frère sur son manque de réactivité, puis à lui sauter dans les bras, quand enfin j'entends le cliquetis de la serrure.
Je retiens mon souffle.
La porte s'ouvre.
...
Ce n'était pas la chambre de mon frère.
C'est un jeune homme, peut-être un peu plus âgé que moi, aux cheveux bleus-verts, aux yeux bleus et avec deux cicatrices sur les joues qui se tient devant moi. Je le reconnais! C'est le leader des Wild Fang! Mais comme j'ai une mémoire de poisson rouge, je suis incapable de me souvenir de son prénom.
L'envie me vient de claquer la porte et de partir en courant, mais au point où j'en suis, autant aller jusqu'au bout. Je demande, comme une cruche que je dois être:
"C'est pas la chambre de Nile, ici?"
L'autre me regarde de haut en bas. Me sentant mal à l'aise, je l'imite.
"Non, finit-il par répondre.
-Ben c'est la chambre de qui alors? j'insiste, pour m'enfoncer encore plus.
-De moi.
-C'est qui, toi?"
Alors qu'il s'apprête à me répondre, enfin je crois, on entend des bruits de pas qui viennent du couloir. Le jeune homme passe la tête par la porte, et regarde du côté bruyant; je l'imite de nouveau. Je distingue un tas de paparazzis qui défile vers ces appartements. Le jeune homme soupire et part pour refermer la porte. Moi, je le regarde d'un air suppliant:
"Hé! Tu vas pas me laisser dehors!"
Il hausse un sourcil, cet impertinent.
"Si je reste ici, ça va mal finir pour moi! Un civil a rien faire là!
-Qu'est-ce que tu veux que je fasse? C'est pas mon problème!"
Je réfléchis. Il faut que je trouve une idée. Sinon je vais être renvoyée au pays fissa par des vigiles à l'air de gorilles pas très sympas. Alors, je sors une bêtise tellement énorme que je regrette aussitôt d'avoir parlé:
"Si les paparazzis débarquent et nous voit ensemble, ils vont raconter à tout le monde qu'on sort ensemble!"
Il y a un silence, rythmé par les pulsations de mon coeur, et les bruits de pas des paparazzis. Finalement, il se décide.
"Et pourquoi pas?"
Je rougis de tout mon être. Et comme je suis rousse, quand je rougis, je deviens une flamme vivante. Ca le fait sourire, cet autre abruti. Puis, avant que je puisse dire quoi que ce soit, il m'attrape par le bras, m'entraine dans sa chambre, et referme la porte derrière nous.

Chapter 3: Un concurrent un peu spécial
Il a fermé la porte derrière nous. Ce qui fait qu'on est tous les deux dans cette chambre, et que je viens de dire qu'on pouvait nous prendre pour un couple. Franchement, Méllea, qu'est-ce que tu as dans la tête?
Les paparazzis s'excitent quelques minutes devant la porte, puis repartent en soupirant. On n'a pas bougé d'un pouce, toujours collés contre le mur de façon à ne pas trahir notre présence. Un silence interminable et pesant s'installe. Je n'ose pas le regarder, mais je sens que lui, il n'arrête pas de m'observer. Que c'est stressant... Soudain, alors que je n'y tiens plus de retenir ma respiration, il ouvre la bouche et... éclate de rire.

Je le regarde sans comprendre, il m'a l'air un peu frappé celui-là, puis, sans savoir trop pourquoi, je le suis dans son fou rire. On reste là, à rire comme deux idiots (et au final je vais finir par croire qu'on l'est vraiment). Au bout d'un moment, je me rends compte que je rigole toute seule; il s'est tut et a recommencé à me détailler du regard. Ca m'exaspère. Comme je ne vais pas rester bloquée à ne rien dire, je murmure en reprenant mon souffle:
"Bon, ben c'était sympa de m'avoir évité les paparazzis, hein..."
Je tente une sortie directe par la porte de la chambre. Pour une raison que j'ignore, j'aurais bien aimé qu'il essaye de me retenir, mais il ne bouge pas. Du coup, j'abandonne mon idée de fuite.
"Au fait, je lance, tu m'as toujours pas dit comment tu t'appelais.
-Toi non plus", ose-t-il répondre.
Décidément, il me cherche. Pour combler ses attentes, je me présente. Il a l'air de réfléchir un moment, puis dit:
"Méllea Azaron... C'est bizarre, ton nom me dit quelque chose."
Quel crétin celui-là! C'est peut-être parce que je suis la soeur de son coéquipier non? J'oublie bien vite que je suis censée être ici incognito, et je le mets devant le fait accompli: je suis la grande soeur de Nile, et, à la base, j'espérais tomber sur mon frère et non pas sur un inconnu.
"Ah! réagit-il. Fallait le dire plus tôt! Il loge dans la chambre à côté!
-Merci du renseignement, je grince.
-Mais il n'est pas là pour l'instant, ajoute-t-il alors que je m'apprêtais à lui fausser compagnie.
-Il est où, alors?
-Parti s'entrainer."
Il pourrait peut-être me dire où ça, quand même. Mais non, ça ne lui vient même pas à l'idée, à ce monsieur... Monsieur qui déjà? Ah d'accord, en plus de me faire tourner autour du pot, il ne s'est toujours pas présenté. Mais qu'est-ce que c'est que ce guignol?
"Arrête de changer de sujet, je crie. Présente-toi, maintenant, c'était quand même ma première question!"
Il sourit encore, pourtant je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Je le dévisage rageusement. Il se paye ma tête...
"Je m'appelle Kyoya Tategami, finit-il par répondre.
-C'est pas trop tôt! râlé-je.
-Qu'est-ce que t'es impatiente... En plus, quand on a son frère qui fait partie du équipe Beyblade, on s'arrange pour connaitre le nom de ses coéquipiers.
-Nia nia nia..."
Ma dernière répondre a du lui paraitre tellement pertinente qu'il s'est encore permis d'éclater de rire. Je crois qu'il me prend pour son bouffon. Et moi, ça m'énerve. Sur un fauteuil, j'avise un coussin, que je m'empresse de saisir et de lui lancer à la figure. Bien sûr, Monsieur n'a pas le temps de l'esquiver. C'est drôle, parce que du coup il est déséquilibré, et manque de se ramasser. Forcément, j'éclate de rire, et n'arrive pas non plus à esquiver le projectile qu'il me relance.

On se relance ce pauvre coussin une dizaine de fois, puis je finis par être fatiguée. Lui, ça n'a pas l'air d'être le cas. Je me prends donc encore deux trois coups de coussin, puis il finit par en avoir marre lui aussi et s'approche de moi. Je me suis assis par terre en tailleur. Il commence à me fouetter les cheveux avec son arme.
"Hé!! j'éclate. Je suis pas ton jouet!!
-C'est bien dommage, soupire-t-il sans pour autant cesser de m'embêter.
-Mais tu vas arrêter oui?!"
Je me relève, lui arrache le coussin des mains et lui enfonce dans le visage. Faudrait pas abuser, non plus! Je croise les bras et me rassieds par terre. Il secoue la tête, sonné j'espère par ma réaction. Il s'accroupit à côté de moi, et recommence à m'observer.
"Méllea, fais pas ta précieuse.
-Je fais pas ma précieuse, je boude."
Il me tire les cheveux, cet andouille. Je lui donne un coup de coude pas bien méchant dans les côtes. Et reprend ma moue mécontente. Il commence à s'étouffer, je crois que c'est parce que je lui ai fait mal, mais en fait pas du tout: il est à nouveau mort de rire. Consternée, je lui demande ce que j'ai de si drôle:
"Quand tu fais cette tête, on dirait Nile quand il est vexé!"
Je lui donne une claque.
"Ben oui, c'est mon frère, c'est normal qu'on ait des expressions en commun!
-Je dirais qu'il est beaucoup plus posé que toi, fait-il en reprenant son calme.
-Je dirais que toi, t'as des fois des réactions tellement gamines que c'est démangeant de vouloir te frapper, je réponds du tac au tac.
-Il est beaucoup plus sérieux et mûr. J'ai du mal à croire que c'est toi l'ainée.
-Là, ça va devenir vexant", je fais en cherchant des yeux le coussin.
Ne le trouvant pas, je me relève, et, faute d'arme, doit utiliser mes jambes pour me venger. Je l'inonde de coups de pieds qu'il a bien cherché, même si ça n'a pas l'air de trop lui faire mal. A un moment, il m'attrape la jambe droite, et je me rétame sur le sol.
"Bien fait, glousse-t-il.
-Espèce de débile", l'insulté-je en lui tirant la langue.
Je jette un coup d’œil à ma montre, et je vois qu'il est bientôt dix-sept heures. Je devrais rentrer, sinon Asuka et Aki vont commencer par s'inquiéter (ce serait bien la première fois qu'on s'inquiéterait pour moi, ce serait drôle). Je me dirige vers la porte. Kyoya me regarde, l'air interrogatif. Je lui réponds en prenant la voix d'une maitresse essayant d'expliquer quelque chose à un élève attardé:
"Je vais rentrer chez moi!
-Bah, t'es pas restée longtemps, soupire-t-il en me raccompagnant.
-Je suis restée toute l'après-midi! je proteste.
-Bref. Demain, c'est moi contre Gingka. Tu viendras? me demande-t-il avec ce que je traduis comme de l'espoir dans le regard.
-D'abord, on dit Gingka contre moi, je dis pour bien l'enquiquiner.
-C'est pas toi qui va m'apprendre la politesse.
-Certes, j'aurai trop de travail."
Il me frappe sur le haut du crâne.
"Bon d'accord, je viendrais pour me moquer de toi si tu perds. Ce sera marrant."
Il me fait la grimace, je l'imite. Et puis je m'en vais.

Ce n'est qu'une fois le soir venu, allongée dans mon lit, que je me rends compte que je n'ai pas réservé de places pour l'affrontement de demain, et que, connaissant les talents respectifs des deux bladers, je risque de me retrouver à la porte tellement il y aura de spectateurs.

Chapter 4: Nouvelle amie

D'après les conseils d'Asuka et Aki, j'ai encore une chance de trouver une place. Il y a toujours des gens qui ont des empêchements et qui rendent leurs billets au dernier moment. Chers gens, je vous adore!
Mais je change d'avis quand j'arrive devant le guichet. Personne ne s'est désisté. Énervée, je commence à passer ma colère sur le responsable:
"Comment c'est possible que personne se désiste? Y bien quelqu'un qui peut pas venir!
-Je suis désolé mais non, c'est un combat très attendu alors...
-Mais je m'en fiche de ça, vous avez pas une toute petite place?!"
Il est devenu de plus en plus blanc, j'ai cru qu'il allait finir par mourir inondé par mes critiques. Tant pis. Il va pas commencer à m'empêcher d'entrer dans le BeyStadium, celui-là, alors que Kyoya joue aujourd'hui et que je lui ai (plus ou moins) promis que j'assisterai à son combat?! Alors que je vais étriper ce responsable qui commence sérieusement à me taper sur le système, une voix inconnue prend la parole dans mon dos.
"Quelle excitation... C'est ce match qui t'énerve autant, Miss Rouquine?"
Je me retourne, prête à en coller une à celle qui a osé m'appeler par ce surnom péjoratif. Je découvre une jeune femme brune, aux yeux profondément noirs et avec un air malicieux collé sur son visage. Elle est habillée comme une secrétaire, avec peut-être un décolleté un peu trop plongeant et une jupe un peu trop courte. Si j'étais un homme (et un obsédé) c'est clair que je lui aurais sauté dessus direct. Elle s'approche de moi, je recule d'un pas, me cogne contre le guichet. Elle glousse d'un petit rire coquin:
"C'est rare de voir des fauteuses de trouble comme toi... On peut savoir pourquoi tu embêtes ce monsieur?
-C'est pas moi qui l'embête, c'est lui, je râle. Il veut pas me donner de places pour aujourd'hui.
-Ou alors c'est peut-être toi qui t'y es prise un peu en retard, non?"
Bon, faut-il ajouter que Mlle avait raison? Mais l'idée, c'est que je suis peu encline à faire plaisir à ce genre d'inconnue. Donc je m'apprête à lui répondre méchamment (je suis pas d'humeur, là), quand elle ose me dépasser:
"Moi, j'ai une place en trop. Et je chercherai bien une personne pour la prendre, mais vu que tu as l'air assez... déplaisante je ne sais pas si je te la donnerai."
Forcément, là, on peut dire qu'il y a renversement de situation. Alors, petite Méllea Azaron, comment vas-tu tourner ça en ta faveur maintenant que tu t'es bien enfoncée toute seule? J'ai la réponse:
"Ben, tu vas me la donner et tu vas voir que je serais très plaisante! j'insiste.
-J'aurais préféré l'inverse, soupire-t-elle. Mais bon. Dans ma grande générosité, je crois que vais quand même te la laisser..."
Je retire tout ce que j'ai dit jusqu'à présent: je suis une sacrée veinarde.

Mon "amie" possède deux places au premier rang! Donc je suis à côté d'elle. On se fait la conversation alors que les gradins se remplissent:
"Tu es pour quelle équipe, toi? me demande-t-elle.
-Pour les Wild Fang, bien sûr! je hurle. C'est les meilleurs!!"
Elle glousse.
"Tu te crois vraiment intelligente, de crier ça alors qu'on est au Japon?
-Heu... et alors?"
Donc, Mlle étant bien plus intelligente que moi visiblement (faudrait pas que ça devienne une habitude de me prendre pour une idiote... même si je dois avouer que je commence à avoir de sérieux doutes...), éclate d'un rire si sonore que je suis sûre que tout le monde l'entend. Finalement, j'apprends qu'ici, on supporte plutôt l'équipe nationale, soit la Gangan Galaxy. Pour une raison qui m'échappe, je trouve soudainement cela très logique.
"Donc t'es pour la Gangan Galaxy?
-Tu as des poussées d'intelligences, je suis fière de toi, sourit-elle (mais je sens bien qu'elle se fiche éperdument de moi).
-Bah moi je les connais pas, les Japonais.
-Parce que tu connais les Africains, peut-être?"
Cette fois, c'est moi qui éclate de rire. Elle ne sait pas ce qu'elle dit, celle-là!! Pour me venger encore plus, je demande si elle, elle connait tant bien que ça les Japonais:
"Oh que oui! Figure de toi que je travaille à l'AMBB, moi."
Je n'ose pas demandé ce qu'est l'AMBB, mais vu que mon visage cache tellement bien mes sentiments, elle s'en rend compte tout de suite. Et en profite pour à nouveau se moquer de moi.
"Ma pauvre tu es complétement perdue, dirait-on! L'AMBB, Association Mondiale de BeyBlade! Tu vois, je suis plutôt bien placée pour connaitre les bladers non?
-Heu... Ça dépend ce que tu fais à l'AMBB. Soit tu fais le ménage, soit tu fais la secrétaire..."
Elle ne rit pas de ma blague qui pourtant me fait bien rire. Elle me réplique ensuite qu'elle se charge du recrutement de nouveaux bladers:
"J'ai déjà parlé maintes fois avec les membres de la Gangan Galaxy.
-Tu as du souvent leur dire bonjour, je lance.
-Je ne tiens pas compte de tes paroles; tu es juste jalouse, se vante-t-elle (encore). Et toi? Comment connais-tu ces messieurs africains?"
Je lui dis, ou je lui dis pas? Bon, allez, je me jette à l'eau, y en a marre de jouer dans la discrétion (en plus je sais pas être discrète, vous l'aurez compris). Je balance donc que je suis la soeur de Nile, qu'il est (comme moi) en fugue, mais que comme tout le monde s'en contrefiche de nous au pays, alors c'est pas grave. Je dis aussi qu'en cherchant Nile la veille je suis tombée sur Kyoya et que je m'en suis fait ce qu'on peut qualifier d'ami (même si des fois il est vraiment flippant tellement qu'il est gamin).

Et elle, envers et contre toutes ces révélations, elle éclate de rire. Je crois que ça va devenir lassant:
"On peut dire que tu es plutôt gâtée! Et non, Kyoya n'est pas gamin, si tu le voyais durant un combat tu ne dirais pas ça.
-J'l'ai jamais vu. Et si, il est gamin. Même Nile est plus intelligent.
-Je n'y crois pas que ce soit ton frère. Il a l'air tellement plus mur que toi aussi..."
Non mais ho?! Kyoya et elle se sont donnés le mot ou quoi?! D'ailleurs, j'en ai marre de l'appeler "elle". Je lui demande comme elle s'appelle, après m'être présentée bien sûr (j'ai fait des progrès en politesse):
"Je m'appelle Kâyan, répond-elle. Ravie de rencontrer la grande sœur de l'adversaire de l'équipe que je sponsorise!
-Que tu quoi???
-Sponsoriser: apporter à des fins publicitaires un soutien matériel et financier, cite Kâyan. En gros, je les finance dans leurs voyages et l'entretien des toupies. Je suis issue d'une riche famille..."
Je crois que c'est une habitude qu'ont les Japonais de raconter leur vie. Je lui fais donc signe de se taire, non pas parce que j'en ai rien à faire de sa vie toute fois passionnante (quoi que si, en fait) mais plutôt parce que le combat Kyoya VS Gingka va commencer.
Je sens que je vais bien m'amuser!

Chapter 5: Drôles de retrouvailles.

En fait, je ne me suis pas amusée. Disons que le match s'est plutôt mal passé. Heureusement, il s'est mal passé tant pour la Gangan Galaxy que pour les Wild Fang, dans le sens où Gingka et Kyoya se sont tellement battus qu'ils sont tous les deux tombés dans les vapes à la fin de l'affrontement.
En tous cas je retire tout ce que j'ai dit sur les gamineries de Kyoya. Sauf sur le fait qu'il est flippant: il est d'autant plus flippant quand il combat! Un véritable hystérique déchainé, j'aimerai pas être en face de lui!! D'ailleurs ça me fait penser que je ne me suis toujours pas servie de Jagurian. Aïe, aïe, aïe. J'ai volé une toupie à mon père et je ne l'ai jamais lancé. Le problème, c'est qu'il faut que je trouve quelqu'un pour m'entrainer.
Mon choix se porte tout de suite sur Kyoya, donc je me précipite vers les appartements des Wild Fang. Sauf que, comme l'idiote que je suis définitivement, j'oublie la chose la plus importante: Kyoya est actuellement en train de dormir, meurtri après son combat acharné contre Gingka.
Mais je frappe quand même, on ne sait jamais. Seulement, personne ne me répond. Comme les paparazzis précédemment, je m'excite sur cette malheureuse porte. Et quand j'en ai marre de m'exciter (c'est fatigant ce genre d'activité, figurez-vous), je m'adosse contre la porte et regarde désespérée l'horloge en face de moi. Non mais il se fiche de moi Kyoya?! Ca fait au moins deux heures qu'il est dans les pommes (donc disons une heure et demie que je m'excite sur une porte... je suis vraiment un cas social)?!
Je donne un violent coup de pied dans la porte (on ne fait pas attendre Méllea Azaron impunément!). Celle-ci met un certain temps avant de sortir de ses gonds (c'est le cas de le dire), donc j'en remets une couche. Et là, elle s'étale dans la chambre de Kyoya. Il va m'entendre celui-là!
Mais, devant mon déchainement, tout ce que je trouve c'est une pièce vide. Poings sur les hanches, je scrute de tous les côtés. Per-sonne. Si ça c'est pas se moquer du monde alors... D'un autre côté, je pense qu'il vaut mieux que personne ne montre le bout de son nez pour l'instant. Je suis passablement énervée, et étant capable de démonter une porte, je suis bien capable de démonter quelqu'un.

Il s'écoule ensuite un temps indéfini où je reste là, comme une idiote avec ma porte, en me demandant si je suis en mesure de la remettre dans ses gonds (la réponse est non). Dans cet état précaire dans lequel je me retrouve plongée, moi et ma chère porte, je ne remarque même pas les bruits de pas qui s'approchent de moi... Et quand je les remarque, c'est évidemment trop tard.
Je bondis sur mes pieds, et me cachent derrière la porte redressée à la verticale. Franchement, j'aurais presque pu me croire convaincante, mais mes pieds dépassent de dessous cette fichue porte (qui décidément ne m'aime pas). Les bruits de pas s’approchent encore, et la personne à qui appartient ces pas appuie légèrement sur la porte. Je recule. Je me prends les pieds dans le vide (je suis trop forte, merci de me le rappeler), et tombe. Comble du comble, la porte me tombe dessus.

Les bruits de pas s'arrêtent. J'entends une voix inquiète demander:
"Mais qu'est-ce que cette porte fait là?"
Je n'ose plus bouger. Là où je suis (sous la porte, judicieux emplacement n'est-ce pas), on ne peut pas me voir, mais je ne peux rien voir non plus. La personne doit être au moins aussi intelligente que moi, car elle soulève la porte. A laquelle je m'agrippe fermement. La personne étonnée tire encore un peu puis déclare d'une voix qui me parait familière:
"Il y a quelqu'un en dessous, en plus!"
Ben oui, gros malin (c'est un garçon). Et ce quelqu'un il aimerai bien que tu touches pas à cette porte, merci!
Il doit pas trop être caler en télépathie, l'autre zigoto, car il finit par tirer un grand coup sur la porte, qui m'échappe des mains. Puis, comme tout le monde peut pas être aussi doué que moi, il lâche l'objet encombrant en même temps qu'un petit cri. Je m'apprête à lui crier qu'il est pas doué, quand je parviens enfin à distinguer son visage.

Et merde. C'est Nile.

Il a l'air tout aussi surpris que moi (tu m'étonnes). Sans comprendre, il regarde la porte, moi, la porte, moi... Moi la seule chose que je regarde c'est lui. C'est vrai qu'il a changé. Mais pas tant que ça. C'est toujours mon petit frère. Je me relève, j’époussette mes vêtements, et j'avance vers Nile. Il lêve les yeux vers moi, et il balbutie:
"Alors là, je dois dire que je ne comprends absolument rien..."
Je ne laisse pas aller plus loin, et je le sers dans mes bras.
Il s'écoule un petit temps, puis Nile rompt notre étreinte fraternelle. Il me dévisage de la tête aux pieds, puis soupire:
"Mais qu'est-ce que tu fais là, au fait? T'es pas censée rester à la maison?"
Bon. Il n'a pas changé. Je l'adore toujours, mais j'ai quand même envie de le claquer. Après tout ce que j'ai parcouru pour le retrouver, tout ce que Monsieur trouve à me dire, c'est une reproche de ma présence? Soit. Je décide de mettre calmement les poings sur les i avant d'être définitivement énervée.

Je mets un bout de temps à tout lui raconter, depuis le début, dans tous les détails. Mon frère m'écoute sans broncher, avec des grands yeux. Comme quand il était petit et que je devais lui raconter des histoires. Je manquais d'imagination, alors je lui racontais toujours la même. Seulement, il rajoutait des détails au fur et à mesure, donc on parvenait finalement à inventer une histoire toute nouvelle.
Là, il n'avait pas besoin de rajouter des détails. L'histoire était écrite, et bien. A la fin mon brillant résumé, il y eut un silence, puis Nile frappa dans ses mains en gloussant.
"Tout ce chemin rien que pour moi! Tu m'étonneras toujours, sœurette!
-Mouais. Ben j'aurais pas supporter de rester plus longtemps à la maison. L'ambiance est trop lourde là-bas.
-Mais, la partie qui m'étonne le plus, c'est le passage où tu rencontres Kyoya", glousse-t-il.
Je le regarde sans comprendre. Puis je saisis enfin le sous-entendu, et menace Nile qui s'étouffe de rire de l'écraser sous la porte.
"Bref, fait-il en reprenant son habituel calme. Si tu cherches Kyoya, il est dans une chambre d'hôpital. Je pense pas que tu pourras lui parler!
-Très drôle", je grince.
On s'échange d'autres paroles sans importance. Comme le font les gens qui ont tellement de choses à se dire mais qui n'osent pas. Et puis vient le moment du blanc. Le moment où toutes les questions et réponses débiles sont épuisées, où seules les choses importantes restent en travers de la gorge sans sortir.
Et c'est Nile qui sort la première:
"Qu'est-ce que tu comptes faire de ta toupie?
-Ben, je sais pas. Faudrait déjà quelqu'un qui accepte de m'entrainer."
Suivant mon regard intéressé, il soupire.
"Sinon, je menace, je vais tout casser."
Nouveau soupir. Mais Nile comprend bien qu'il n'a pas trop le choix. Et que, comme dans notre enfance, il va devoir s'occuper de moi plus que de raison. Parce que même si on a grandi, je reste la grande sœur irresponsable et gaffeuse, alors que lui est et sera toujours le petit frère plus mature.

On a passé l'après-midi, que dis-je, la soirée, à s'entrainer. Nile m'a menée dans un complexe dont Kyoya lui avait parlé. Si Kyoya s'est vraiment entrainé là, je comprends pourquoi il est si puissant! Ce truc, c'est le parcours du combattant puissance dix! A la fin, je ne sens plus mon corps. Nile n'a pas l'air d'en mener large non plus, mais il m'explique que c'est catégoriquement impossible qu'il me porte jusque chez Aki.
Donc nos chemins se séparent devant le stadium. Il me demande si je serai là pour le match de demain. Je pense que oui. Il me promet que ce match ne sera pas une défaite, car la Wild Fang a mis au point une tactique spéciale.
"J'ai hâte de voir ça!" je lui lance alors qu'il s'éloigne.
J'attends de le voir complètement disparaitre, puis je vais pour m'en aller à mon tour, quand j'entends une voix qui ricane dans mon dos.

"Qu'est-ce que tu fiches là, toi? je râle en découvrant Kâyan adossée contre un poteau.
-Quel accueil, quel accueil... Je viens de quitter la Gangan Galaxy. Et toi alors?
-Je me balade, je grince. Non sérieusement. Je viens de revoir mon frère après plus de six mois de séparation."
Contente de cette explication, elle change soudain de sujet:
"Je voulais te demander si tu comptais aller voir le match de demain aussi.
-Bien sûr, qu'est-ce que tu crois! je m'énerve.
-Plus susceptible, ça n'existe pas, soupire-t-elle. Bon. Mon amie ne peut toujours pas venir. Daignerais-tu de nouveau être à mes côtés dans les gradins?"
Évidemment, je saute sur l'occasion. Cette Kâyan a peut-être tout l'air d'une peste, mais je l'aime bien quand même (parce qu'elle me file des places gratuites... mais non, qu'est-ce qui vous fait dire ça?). Pour la remercier, je ne suis pas totalement ingrate, je l'invite à passer la soirée chez moi (d'accord. Chez Asuka et Aki).
Et j'attends le lendemain avec impatience. J'ai retrouvé mon frère, et deux nouveaux amis. Que demander de plus?